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LES
HALLUCINATIONS
Vendredi
28 septembre 2001

Cela
fait 6 jours que les Minis sont partis de la Rochelle. Hervé
se trouve maintenant à mi-hauteur du Portugal. Après
le premier coup de vent du départ, les skippers se sont
retrouvés au milieu d'une accalmie. Ils se battent maintenant
contre des vents forts (Force 7) venant plein sud. Comme il
s'agit du cap qu'ils doivent faire, il faut donc qu'ils tirent
des bords et ceci leur rallonge par trois fois leur route.
Hervé
à l'air de bien s'en tirer. Depuis son départ,
il s'est même retouvé par une fois en 5ème
position. Il se positionne actuellement régulièrement
entre la 9ème et la 11ème place, à 730
miles du but.
En
règle générale, les Pogos ont l'air de
mieux tenir le coup que les Protos, 4 d'entre eux ayant démâté.
Paul Peggs et Ronan Guérin ont repris la mer aujourd'hui
avec des mâts réparés.
Le
manque de sommeil et les conditions difficiles rencontrées
doivent se faire sentir. A ce sujet, on notera aujourd'hui le
premier abandon de Jean-Marie Vidal sur un Pogo. Denis Hugues,
le directeur de la course, pense qu'il s'agit d'une décision
prise sur un coup de tête, peut-être qu'après
une nuit de sommeil, le skipper reprendra la mer.
Quand le manque de sommeil se fait sentir, il peut se produire
des drôles de choses sur un bateau. Vous vous souvenez
peut-être de Nick, le coéquipier d’Hervé
durant la Mini-Fastnet, qui voyait des écureuils au milieu
de la mer d’Irlande ( cliquez
ici pour lire son récit). On raconte aussi que Mark
Turner, le manager d’Ellen McArthur qui a courru la Mini
en 1997,a cru pendant la course qu’il y avait tout un équipage
de la Withbread à bord de son Mini. Il a aussi halluciné
qu’il y avait à bord un journaliste qui venait essayer
son bateau. Il naviguait alors sous spi et il a pensé
: c’est bizarre, pourquoi est-ce que ce journaliste n’a
pas affalé le spi ? Je vais le faire ! Et c’est
uniquement après avoir affalé le spi, qu’il
s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de journaliste
à bord et qu’il fallait hisser à nouveau
le spi et vite fait !
Qu’en est-il d’Hervé ? Pour l’instant,
il n’a pas eu d’hallucinations sur le bateau et c’est
plutot une fois rentré à la maison que des choses
bizarres se produisent : le week-end après la Select
6.50, Hervé se couche sur le canapé dans le salon
juste avant le diner pour une « powernap » de 20
minutes. Quand Muriel vient le réveiller pour manger,
Hervé se dresse d’un bond, saute vers la fenêtre,
arrache à moitié les rideaux et paniqué
regarde par la fenêtre. Il ne comprenait pas où
il était et était sûr que son bateau était
en train d’aller se fracasser sur le rivage. Cela lui a
pris une bonne minute pour réaliser qu’il était
à la maison et que son bateau ne risquait rien.
Preuve en est que les régates en solitaire sont des épreuves
très difficiles psychologiquement et qu’elles laissent
des traces longtemps après que le skipper ait amarré
son bateau à quai.
Photo: Barthelemy Martin, départ
la Rochelle
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