Le site d'Hervé Favre dans la mini-transat 2001

 

 

 

Lundi 21 octobre

Hervé,aujourd'hui en 9ème position, se trouve maintenant en plein dans la zone dite du pot-au-noir. Cela fait 11 jours qu'il est en course et il est à mi-chemin du parcours. Il lui restait hier 1478 miles à courir.

D'après les informations reçues, le pot au noir est visible de très loin. De gros nuages noirs apparaissent soudain sur l'horizon et les petits minis s'en approchent à une vitesse de plus en plus réduite.

Zone de convergence intertropicale (ZCIT), pot au noir, horses latitude, voici toutes les sortes de noms que comporte cette zone tampon où s’affrontent les vents de l’hémisphère Nord et de l’Hémisphère Sud.

Pourquoi Horses Latitudes ? Simplement parce que c’est à cette hauteur que les navires des anglais restaient encalminés et qu’ils devaient jeter les chevaux par dessus bord pour cause de rationnement d’eau. D’où vient le terme « pot au noir » ? Peut-être fait-il allusion aux énormes cumulo-nimbus, générateurs d’orages violents, zébrant d’éclairs l’horizon assombri ? C’est l’interprétation qu’en donne La Grande Encyclopédie. Toutefois, une autre acception est plus vraisemblable. D’après Littré, le « pot au noir » désigne quelque chose de désagréable, une mésaventure. « Gare le pot au noir » se dit à colin-maillard, pour avertir celui qui a les yeux bandés qu’il va se cogner, se faire un noir, une bosse. Par extension, le pot au noir désigne une situation embrouillée, dangereuse, bref exactement ce qu’il faut pour caractériser sur le plan météorologique cette région du monde où convergent les alizés des deux hémisphères.


En pratique, le pot au noir est une zone où les vents sont extrêmes : soit inexistants soit excessivement forts (grains pouvant atteindre 40 à 50 nœuds en quelques minutes). C’est donc une zone très difficile à naviguer car il faut sans cesse manœuvrer et adapter sa voilure pour profiter du moindre souffle et également toujours être sur ses gardes au cas où un gros cumulo-nimbus vous déverse sa ration de vent.


Le pot-au-noir, c’est aussi l’endroit où se forment les cellules de Hadley : du fait de la convergence des alizés et du fort ensoleillement, la région équatoriale est le siège de mouvements ascendants matérialisés par les cumulo-nimbus qui alimentent deux cellules de circulation atmosphérique (l’une dans l’hémisphère nord et l’autre dans l’hémisphère sud). Dans sa progression vers le nord par exemple, la circulation de l’air subit la force de coriolis (force due à la rotation de la terre sur elle-même). L’air alimente ainsi les jets subtropicaux, tubes de vent forts en altitude soufflant vers l’est ou le nord-est avant de redescendre, fomant ainsi les anti-cyclones tels que celui que nous connaissons bien, l’anticyclone des Açores.

Mais quel est le meilleur endroit pour traverser ce pot au noir ? Sans information météo autre que les bulletins qu’Hervé reçoit sur sa radio BLU, il va être très difficile de trouver le passage le plus étroit. Il semble cependant que statistiquement, il convient de passer entre le 35° et le 40° degré de longitude Ouest. Bref, il va falloir avoir un peu de chance !!!!

Il semblerait cependant que cette année, le pot-au-noir ne soit pas trop étendu, surtout à l'ouest. Comme Hervé entendait passer entre le 25ème et le 30 ème parrallèle, il devrait viser juste. Espérons qu'il gagne à cette loterie... car on peut rester scotché ou avancer tout d'un coup. Par exemple, Thomas Chochon, qui se trouvait derrière Hervé, a été propulsé à la 4ème place. Joli coup! Et puis, le cap verdien Antonio Pedro da Cruz a cassé son mat lors d'un grain mais continue tout de même sous gréement de fortune a une belle vitesse de 4 noeuds.Dommage.

Ce n'est pas la terre qu'Hervé voit actuellement à l'horizon, mais bien des gros cumulo-nimbus menaçants..