Le site d'Hervé Favre dans la mini-transat 2001

 

 

 

Dimanche soir à Puerto Calero, alors que presque toute la flotte est finalement arrivée, Hervé nous livre son récit de la course:

"J’ai pris un très mauvais départ car la drisse de solent est restée coincée 2 minutes avant le coup d’envoi. J’étais pas content du tout même si le départ n'est pas primordial sur une course aussi longue mais je ne me suis pas laissé abattre.

Conformément à ce que j’avais discuté avec Bernard Dunant, météorologue et routeur de Dominique Wavre, j’ai pris l’option de faire la route directe la première nuit, presque plein vent arrière. A la tombée de la nuit, le vent s’est pas mal renforcé et j’ai affalé le grand spi pour le petit. C’est là que les problèmes ont commencé : voulant brancher le pilote automatique sur la barre alors que j’allais à 10 nœuds, le bateau a empanné et je suis parti au tapis, assis sur ma chaise les fesses dans l’eau. Rien de cassé.

Après m’être battu j’ai réussi à affaler le grand spi. Mais c’était important d’aller très vite la première nuit pour passer le cap Finisterre avant le passage de la dépression.

J’ai donc tenté de mettre le petit spi et tout s’accrochait, y’avait des nœuds dans les écoutes, le vent était trop fort, et tout ce que j’ai réussi à faire est de déchirer le spi sur 3 mètres de long et perdre mon écoute flambante neuve.

Sur ce j’ai décidé de me calmer pensant qu’il valait mieux arriver que de continuer à casser le matériel. J’ai donc fait toute la nuit sous 1 ris et Solent. Mais le vent était tellement fort que même avec cette voilure j’ai battu le record de vitesse du bateau 16.9 nœuds.

Le dimanche matin j’ai commencé à souffrir du mal de mer conformément à notre news ! Je me suis accroché par trois fois aux filières. Quand le vent s’est calmé le lendemain matin, j’ai voulu mettre le geenaker, et là j’ai plié le bout dehors (tube en aluminium de 2m de long et 7cm de diamètre.

Le haut de l’enrouleur s’est aussi cassé (flambant neuf !) et du coup ma drisse est restée coincée au sommet du mât. J’ai donc fait le reste de l’étape avec une seule drisse, n’ayant pas envie de monter au sommet.


Après avoir passé le cap Finisterre et contrairement aux prévisions-météo données par M étéo France, on est descendu toute la côte portugaise au près. J’ai choisi l’option ouest pour traverser la dépression et toucher en premier des vents d’ouest plus favorables pour descendre au sud. Bien que me faisant parcourir plus de chemin, cette option a été décisive pour le résultat final. C’est là que je suis passé de la 11è me à la 5e place.

Les vents ont été assez forts dans la traversée de cette dépression et j’ai déchiré mon Solent que j’ai réparé avec du scotch à voile (et par la même occasion, scotché mon spi).

Après avoir essuyé le gros temps, je me suis retrouvé empêtré dans l’anticyclone des Açores, sans avoir d’infos météos car Météo France était en grève ! Et là, ca a duré 2-3 jours, vents légers, et grosse houle nord-ouest qui empêchait les voiles de rester gonflées tellement le bateau chahutait ! Cling, clong, des conditions très difficiles pour les nerfs. Aucune idée de mon classement car je n’arrivais pas à écouter radio Monaco, où le comité de course donnait tous les classements ! Je l’ai appris que dimanche et ça m’a naturellement motivé énormément.


Trois jours avant l’arrivée, un de mes deux pataras s’est cassé. C’est un câble en acier qui maintient le mât par l’arrière et si les deux cassent, le mât peut tomber !


Finalement le vent du Nord s’est levé me permettant de relier Lanzarote en 3 jours sous spi. Et c’est un finish très serré qui m’a permis de devancer le 6ème de 2 minutes et le 7ème de 1 heure! Au final, une superbe 5ème place ".


As-tu eu assez à manger ?
On avait prévu avec Muriel de la nourriture pour 10 jours et comme j’étais malade les 2 premiers jours, j’ai eu largement assez de nourriture pour tenir jusqu’au bout.


As-tu écouté ta musique ?
J’ai écouté une fois de la musique, mais ensuite mon nouveau minidisc a refusé de marcher, tout comme la vidéo numérique, l’enregistreur pour la météo et ma minuterie de cuisine qui m'aide à me reveiller. Est-ce à cause de l’humidité ? En tout cas, après 3 jours de soleil, rien ne s'est remis à fonctionner... dommage.


Dans qu’elle forme physique et psychique es-tu ?
La forme physique est bonne à part quelques boutons sur les fesses. Sinon, c’est du beau fixe, avec un résultat pareil !


As-tu vu d’autres concurrents.

Au cap Finistère, j’ai croisé plusieurs autres bateaux et après ça plus rien juqu’à l’arrivée à Lanzarote où on était 5 bateaux à arriver ensemble. La dernière fois que j’ai parlé c’est avec Mike au cap Finistère.


Comment as-tu trouvé la première partie par rapport à l’idée que tu t’en faisais ?
J’avais dans l’idée que le plus dur était jusqu’au cap Finisterre et normalement la descente jusqu’aux îles plus facile. Et ca a été tout le contraire. Au moment où c’etait le plus facile ça a été le plus difficile (coup de vent et au près) et puis ensuite la pétole, qui est très dure pour les nerfs.


Qu’est-ce qui t’a le plus manqué :
Le manque de communication. Parce que j’aurais envie de partager plus ce qui se passe sur le bateau, les émotions, les coups de déprime. C'est difficile de partager ça plus tard, car on est plus dans le même état d'esprit.

Les dessins que mes amis et Robin m’ont fait dans la cabine avant de partir aident. Je pensais quand même pas que c’etait aussi difficile que ca en solitaire. C’est de loin la plus dure que j’ai faite, même après les courses de qualification.

En fait, tout est plus difficile à gérer que sur 5 jours. Peut-être que ce sera plus facile pour la 2ème étape car on sait que c’est long. Mais si les conditions sont difficiles après le pot au noir, ce sera aussi dur pour la tête car normalement ça devrait être du vent de travers régulier. Si c’est la pétole, ce sera dur à gérer de nouveau.


As-tu eu le temps de faire autre chose que naviguer et dormir ?
J’ai cousu des voiles, et j’ai eu le temps de lire la BD "la grande traversée d’Asterix" que Jean-Marc m’avait offerte avant de partir.

Ton plus joli souvenir ?
Un troupeau de dauphins, y’en avait 20-30, c’était incroyable, ils m’ont suivi pendant 15 minutes.