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LE
RECIT DE LA TRAVERSEE
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Alors
qu'il reste un skipper en mer, Hervé nous livre
enfin ses impressions sur sa régate. |
En
marchant sur le ponton, on est impressioné de savoir
que tous ces bateaux viennent de traverser lAtlantique
avec un seul homme (ou femme) à bord. Pourtant, quand
on leur parle, ils ne réalisent pas vraiment quils
viennent daccomplir quelque chose dincroyable.
De
la terre, on a eu limpression que cette 2ème
étape a très vite passé. Etait-ce
le cas sur le bateau ?
La première semaine, des Canaries jusquau
Cap Vert, a effectivement passé très vite,
car le vent était fort et nous navigions au portant
sous spi. Elle était par contre très fatiguante
nerveusement car naviguer sous spi la nuit dans des conditions
soutenues demande beaucoup dattention et de présence
desprit. Cest très risqué et
il faut être un peu fou pour continuer à
pousser le bateau 24 heures sur 24. La deuxième
semaine a bien commencé jusquau passage du
pot-au-noir. Et là, contrairement à toutes
les attentes, le pot-au-noir a été très
facile a traverser : 2 jours sans pratiquement sarrêter.
Jai été poussé par 3 grains
qui à chaque fois mont fait avancer de 50
miles vers le sud. Par contre, une fois le pot-au-noir
franchi, le temps a passé lentement car cétait
au près et il me restait plus de 1500 miles à
parcourir. De plus, les derniers jours vers la côte
brésilienne, on a eu un vent léger et comme
souvent les derniers moments de la course semblent très
longs. |
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Cétait
ta première rencontre avec des grains (orages sur
leau) ?
Oui, il y a les grains du pot-au-noir et les autres. Les
premiers étaient avant les îles du Cap Vert
et pas très vigoureux. Par contre, ceux du pot-au-noir
étaient musclés avec des vents montant facilement
à 40 nuds. Durant les 10 premières
minutes, le vent est extrèment fort et jai
navigué avec 1 ris dans la grand voile et sans
voile davant. Puis après on peut remettre
plus de voile et suivre le cap le plus au sud possible.
Pour le pot-au-noir jai eu beaucoup de chance car
les concurrents ont tous eu des conditions différentes
et je pense que jai eu de bonnes conditions. Dans
un des grains, les éclairs ne sont pas passés
loin, cest un peu stressant. |
As-tu
plus souffert de la solitude plus que lors de la 1ère
étape ?
La première semaine sest bien passée
car on parlait régulièrement à la
VHF mais pendant les 15 derniers jours, je nai plus
eu de contact avec qui que ce soit, sauf un cargo anglais
dans le pot-au-noir. Cela a été difficile
mais heureusement javais pris un dictaphone qui
ma permis dexprimer mes émotions et
mes moments de déprime ou de joie.
Le fait découter de la musique aide pas mal
à faire passer le temps et jai également
lu deux livres entiers (la terre est ronde et le troisième
jumeau). Tous les jours jécoutais RFI à
partir de 11heures 30 pendant 1/2 heure (nouvelles du
monde et de la course) puis il y avait la vacation sur
Monaco Radio avec les classements. Et ceci est très
motivant ccar je nétais pas si mal placé
et les écarts entre les bateaux étaient
très serrés. |
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Les
réparations effectuées à Lanzarote
ont-elles tenu ?
Oui, jai eu aucun problème technique à
part des déchirures dans le spi que jai scotché.
Le Pogo est un bateau qui est vraiment bien construit.
Cétait sa 3ème traversée et
il a tenu sans broncher. Cest incroyable. |
A
quelle heure as-tu passé léquateur
?
Cétait à 6 :30 du matin. Jai
donc fêté avec du champagne et des Lakerli
(et partagé le tout avec Neptune et le bateau).
Cest à midi que je me suis fait le plat de
fête avec le foie gras, les pâtes à
lhuile dolive et au parmesan et la glace des
astronautes de la Nasa. |
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Réalises-tu
que tu a accompli un exploit ?
Cest quand jétais au milieu de latlantique
avec 4000 mètres deau sous le fond que jai
réalisé quil était incroyable
de traverser locéan en solitaire sur ce petit
bateau.
As-tu vu des compagnons de voyages ? Les plus nombreux
étaient les poissons volants et chaque matin, au
lever du soleil, je faisais le tour du bateau pour les
compter et les remettre à leau. Il y en a
des tout petits et des plus gros, mais javais pas
envie de sushi ! Jai aussi vu un jour un grosse
baleine au loin qui sautait dans leau et faire des
grosses gerbes. Et des dauphins que jai filmés. |
Les
moments les plus durs ? Les deux jours après
le passage du pot-au-noir comme si je subissais un contre-coup.
Je pensais avoir fait le plus dur et il reste encore plus
de la moitié à faire. Après avoir
fait le plus dur, tu as envie den finir et cétait
loin dêtre le cas. Tout ceci est très
psychologique. Je pense que ceux qui ont déjà
fait une telle traversée sont mieux préparés
psychologiquement car ils se savent à quoi sattendre.
Un autre moment dur a été lorsque jai
fait un coquetier dans mon spi (cest lorsque le
spi semmêle autour du cable avant). Jai
passé 6 heures de nuit à le défaire.
Jétais debout sur le tangon et accroché
à létai. Ca ma fait des bleus
dans mon bras. Pour vous rassurer, jétais
attaché ! Et jai réussi à le
défaire sans déchirer le spi !
Les deux derniers miles avant la ligne ont aussi été
durs. Yavait du courant contraire qui me faisait
reculer et peu de vent
.alors que je voyais la ligne
darrivée.
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As-tu
souffert physiquement ? Jai perdu 4 kg mais
nai eu aucun problèmes de santé, juste
(et comme tous les skippers) les fesses qui ont été
rongées par le sel. Ca a gaché un peu le
plaisir de naviguer. |
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Tes
meilleurs moments ?
Les deux jours de naviguation après le Cap Vert,
bord à bord avec Loic Le Bras, dans des conditions
idylliques. Force 4, sous spi, 7-8 nuds de moyenne,
pas trop de houle
. Génial. Le passage de
léquateur, et larrivée lorsque
jai vu Muriel et les enfants dans le canot moteur.
Alors que je pensais quil narriveraient que
deux jours après
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Comment
sest passée la récolte de fonds pour
Children Action ?
Cest une réussite totale car nous avons récolté
plus de 25'000 francs suisses, en grande partIe grâce
à la générosité des employés
de Lombard Odier. Cela va ainsi financer le voyage de
30 enfants défavorisés en Laponie pour aller
dire bonjour au Père Noël.
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Quels
sont tes projets ?
Par
une chance incroyable le bateau a déjà
trouvé un acquéreur (un américain
de Boston de 24 ans qui désire faire la prochaine
Transat). Je vais maintenant profiter de prendre de
vraies vacances avec Muriel et les enfants qui lont
bien mérité et découvrir en janvier
ma nouvelle maison aux Bermudes que Muriel a trouvé.
Concernant la voile, jaimerai bien refaire du
multicoque, mais on verra où et comment.
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